Comprendre l’orthorexie
L'orthorexie se distingue des autres troubles alimentaires par son objectif principal, soit la qualité des aliments et des nutriments. À l’opposé, l'anorexie et la boulimie se concentrent sur la quantité de nourriture et la gestion du poids corporel. La personne souffrant d'orthorexie présente une certaine forme d’obsession par la consommation d'aliments à caractéristiques particulières tels que des aliments purs, naturels, biologiques, non transformés ou exempts de certains ingrédients.
Cette quête de pureté alimentaire peut s’exacerber au fil du temps, pouvant mener à des restrictions excessives. Les comportements découlant de l’orthorexie peuvent entraîner des carences nutritionnelles (vitamines, minéraux, macronutriments) et un isolement social, car la pureté alimentaire et la saine alimentation l'emportent sur le plaisir et les besoins réels du corps.
Facteurs de risque de l’orthorexie
Plusieurs facteurs peuvent contribuer au développement de l'orthorexie :
- Traits de personnalité : Perfectionnisme, rigidité, anxiété, besoin de contrôle élevé.
- Antécédents de troubles alimentaires : Une histoire d'anorexie ou de boulimie peut prédisposer à l'orthorexie.
- Influence socioculturelle et médiatique : La promotion fréquente de la saine alimentation et des régimes restrictifs au sein de la culture populaire, amplifiée par les réseaux sociaux, peut exacerber les préoccupations alimentaires et favoriser l'émergence de comportements obsessionnels envers la nourriture. De plus, au sein de certaines sphères, notamment le domaine du fitness ou de la musculation, les idées et pratiques véhiculées concernant l'optimisation corporelle et alimentaire peuvent intensifier les risques d'orthorexie en encourageant une rigidité extrême des habitudes alimentaires.
- Troubles obsessionnels compulsifs (TOC) : Des traits ou un diagnostic de TOC peuvent rendre une personne plus vulnérable à développer des comportements de nature orthorexique.
Diagnostic de l’orthorexie
L'orthorexie n'est actuellement pas reconnue comme un diagnostic officiel dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), ni dans la Classification internationale des maladies (CIM-11). Cependant, des critères sont proposés par les chercheurs pour aider à son identification. Le manque de reconnaissance officielle ne minimise pas la souffrance qu’elle engendre ni ses conséquences sur la santé physique et mentale. Son inclusion future dans ces manuels est régulièrement discutée, reflétant la reconnaissance croissante de cette problématique.
Manifestations concrètes de l’orthorexie
Les manifestations de l’orthorexie sont variés et leur intensité l’est tout autant, dépendamment de la personne qui en souffre :
- Éliminer des groupes alimentaires entiers ou des aliments spécifiques considérés comme indésirables.
- Passer plusieurs heures à rechercher de l’information nutritionnelle, planifier ses repas, faire l’épicerie ou à préparer des repas spécifiques.
- S’autoriser à manger dans des restaurants spécifiques dans lesquels la qualité des aliments est validée.
- Ressentir une anxiété ou un stress intense face à la nourriture qui n’est pas permise.
- Refuser de manger à l'extérieur, d'assister à des événements sociaux impliquant de la nourriture, ou de passer du temps avec des personnes qui ne partagent pas les mêmes habitudes alimentaires.
- Ne pas se permettre ou se permettre très peu fréquemment de déroger de ses principes alimentaires.
- Ressentir une forte culpabilité après avoir enfreint ses propres règles alimentaires ou manger un aliment non permis.
- Percevoir les aliments comme «bons» ou «mauvais», sans nuance.
- Avoir l’impression que les pensées en lien avec l’alimentation prennent le dessus sur d’autres aspects de la vie, tels que le travail, les relations ou les loisirs.
Distinctions entre manger sainement et l’orthorexie
La distinction entre une préoccupation légitime pour une alimentation saine et l'orthorexie est souvent subtile, ce qui rend ce trouble particulièrement insidieux. Une alimentation saine se caractérise par une approche équilibrée et flexible de la nutrition, où la nourriture est perçue comme une source de nutriments, mais aussi de plaisir et de saveurs.
Une personne qui mange sainement prend des décisions éclairées, privilégie fréquemment des aliments nutritifs, mais est également en mesure de consommer des aliments moins nutritifs, dans une optique de plaisir, facilité ou de socialisation. Dans le cas de la personne souffrant d’orthorexie, cette flexibilité quant aux choix alimentaires est absente.
Soutien et traitement de l’orthorexie
Le traitement de l'orthorexie nécessite une approche globale et est similaire à celui des autres troubles alimentaires, se concentrant sur le retour aux habitudes alimentaires non restrictives et à une relation positive avec la nourriture.
- Soutien nutritionnel : Un nutritionniste détenant une expertise en troubles alimentaires peut aider à retrouver une alimentation variée et non restrictive. Les croyances face aux aliments sont aussi fréquemment adressées. Le suivi est individualisé selon les difficultés que vit la personne souffrant d’orthorexie.
- Soutien psychologique : Adresser les facteurs sous-jacents tels que l'anxiété, le perfectionnisme ou le besoin de contrôle. Des thérapies spécifiques ont aussi été démontrées comme bénéfiques, telles que la TCC et l’ACT, aidant à identifier et à modifier les pensées et comportements rigides liés à la nourriture ou à développer la flexibilité dans les croyances.
- Approche intégrée et collaborative : La collaboration entre les différents professionnels de la santé (médecin, psychologue, nutritionniste) est primordiale pour offrir une prise en charge cohérente et complète, abordant à la fois les dimensions physiques, mentales et émotionnelles du trouble. Le support des proches ou de la famille peut également être bénéfique
Nutritionnistes et le trouble alimentaire
Les nutritionnistes peuvent offrir un accompagnement individualisé aux personnes aux prises à des troubles alimentaires tels que l’orthorexie, avant ou sans diagnostic :
- Soutien pour limiter le risque de carences nutritionnelles, qui peuvent être fréquentes en contexte de restrictions alimentaires multiples
- Retour à des habitudes alimentaires équilibrées et non restrictives, notamment en ce qui a trait à la variété alimentaire et à l’horaire des repas
- Respect des besoins et des particularités individuelles : Adapter le plan nutritionnel et l'accompagnement aux défis uniques, aux préférences et à l'état de santé de chaque personne.
- Gestion de l'anxiété ou du stress autour de l’alimentation, souvent en collaboration interprofessionnel avec un soutien psychologique
- Réintroduction progressive d'aliments : Guide la personne à réintégrer les aliments interdits ou éliminés de manière progressive et sécuritaire, en aidant avec la gestion de la rigidité associée.
- Éducation nutritionnelle basée sur des faits en fournissant de l’information fiable en matière de nutrition, dans une optique éventuelle de flexibiliser certaines croyances alimentaires.
Avis de non-responsabilité :
Ce texte est fourni à des fins informatives seulement. Il ne remplace en aucun cas une consultation professionnelle avec un.e nutritionniste ou un autre professionnel de la santé qualifié. Chaque situation est unique : consultez une nutritionniste pour des recommandations adaptées à vos besoins.
Mise à jour : octobre 2025
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